Translate

Libellés

lundi 1 janvier 2018

100 bức ảnh của báo pháp ghi lại những đặc điểm của năm 2017.

Kính mời quý anh chị nhìn lại năm đã qua với 100 tấm ảnh của báo Paris Match.
Caroline Thanh Hương

Veuillez cliquer sur le lien ci-dessous pour voir le reste des photos.
 L'année 2017 en cent photos
 « Je vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus inouïe, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus éclatante… Devinez-la. Je vous la donne en trois, je vous la donne en quatre, je vous la donne en six, je vous la donne en cent… » De quoi s’agit-il donc ? Non plus du mariage de la Grande Mademoiselle raconté avec des soupirs de cantatrice par Mme de Sévigné. Mais, en 2017, d’un prodige aussi inattendu auquel plus personne ne croyait : la France est de retour !
Une foule éparse attend le discours inaugural de Donald Trump comme 45e président des Etats-Unis le 20 janvier 2017.
 Diapositive 2 sur 100: 002 2017


 Diapositive 4 sur 100: 003 2017


Après cinq ans de règne de Hollande Ier, on s’était résigné : le paquebot France était condamné à marcher à la rame. L’Elysée prenait les dossiers d’une main molle comme un gant, les observait et les reposait découragé d’avance. Trois fois par an, le président passait à la télévision, déployait ses illusions et ses promesses comme un éventail, puis retournait dans son palais où il attendait le miracle. On aurait dit qu’à peine élu il s’était mis sur « pause ». Surtout ne pas abîmer le cadeau merveilleux qu’était ce quinquennat tombé du ciel de Manhattan. Ses vœux pieux atteignaient les dimensions d’un trou noir, mais qu’y faire ? Notre heure était passée. Et puis le miracle a eu lieu : l’élection présidentielle.
Diapositive 6 sur 100: 005 2017




Personne n’aurait parié sur le résultat. Début janvier, les jeux étaient faits. François Fillon se faisait déjà offrir les costumes de son prochain rôle : président de la République. Malheureusement pour lui, le « Canard » veillait. Fin janvier, Penelope s’est invitée dans la campagne à son corps défendant. Depuis trente ans, cette épouse discrète aurait touché divers salaires alors qu’elle avait toujours répété ne pas travailler. La justice s’en est mêlée et son mari a inventé le principe de la faute fictive qu’on n’a pas commise mais pour laquelle on demande pardon. Mauvaise pioche : il s’est retrouvé sur le banc de touche. Tout comme les autres revenants. Jean-Luc Mélenchon, ceinture noire de communication et d’excommunication, qui insulte les journalistes, les députés, les passants et même les pauvres Vénézuéliens abattus par la police. Benoît Hamon qui, après avoir banni François Hollande et Manuel Valls du PS, en a aussi chassé les électeurs. Même Marine Le Pen s’est éteinte comme une bougie qui s’étiole.
La France qui n’en pouvait plus du « système » a élu l’enfant chéri du sérail, le premier de la classe couvert de diplômes, le protégé de Jacques Attali et d’Alain Minc, le surdoué de chez Rothschild qui avait traité d’analphabètes les ouvrières de Gad. J’ai nommé Emmanuel Macron. Et là, divine surprise, on a découvert que, oui, on peut encore réformer la France. En moins de temps qu’il n’en faut pour dire « modèle social, modèle social ! », Macron a envoyé promener les vaches sacrées. Le Code du travail, la sélection à l’université, l’audiovisuel public, l’accueil des réfugiés, l’impôt sur la fortune… Tous les dossiers qu’on triturait du bout des pincettes ont été jetés sur la table. Plus question de se faire des nœuds à la tête, on allait agir. Le nouveau président se proclame « jupitérien ». En clair : il décide, il ordonne, il tranche. C’est Versailles en 1680. Le jour de son sacre, au soir du second tour, il a d’ailleurs mis son triomphe en scène au Louvre. Le président, c’est lui. Il est au pouvoir pour gouverner, pas pour ménager les uns, caresser les autres et, d’un coup de balayette magique, glisser les dossiers sous le tapis.
Tout le monde veut croire en Macron
La France se réveille. Sous le choc, elle semble presque groggy. Les syndicats observent, ébahis, leurs tabous tomber à l’eau. L’opposition de droite est en morceaux, celle de gauche a disparu. Restent l’extrême gauche et l’extrême droite, qui entament le même refrain : « C’est le président des riches. » Marine Le Pen a eu une formule excellente, la seule dans toute l’année : « Je suis la candidate du pouvoir d’achat, vous êtes celui du pouvoir d’acheter. » Jean-Luc Mélenchon, lui, en a deux cents. Ses discours ressemblent à un manteau d’arlequin aux couleurs du marxisme, du castrisme, de la Commune et du ressentiment. Un véritable opéra conceptuel, plus distrayant qu’inquiétant. Qu’importe, les mois passent et nos voisins s’enthousiasment. La France n’est plus l’homme malade de l’Europe. Son chômage bat des records, ses déficits aussi, tout comme sa dette. Rien n’a changé, sauf tout : l’humeur est à l’optimisme. Tout le monde veut croire en Macron.
Il n’a pas encore de résultats mais il a mieux : un style. A Ouagadougou, il met le public de la fac dans sa poche par sa franchise et sa décontraction. A Riyad, il tire une épine du pied du nouveau prince en exfiltrant Saad Hariri. A Bruxelles, il étourdit les eurocrates en leur redessinant une magnifique Europe à deux ou trois vitesses. Ailleurs, il vend des Rafale et décroche des contrats. C’est magique : il ne promet rien, ne donne pas de leçons, écoule ses stocks et cède à fond à la realpolitik. La vieille France prêchi-prêcha, championne de morale à l’étranger, endosse une nouvelle panoplie. Plus vif qu’une paire de claques, son chef de l’Etat offre au monde un goût de Kennedy, un nuage de Trudeau, une once de VGE, une grosse dose de sourires et un réalisme à faire sauter l’émail des dents. Avec, à son bras, pour mettre une touche de romanesque dans cette épopée d’énarque béni des dieux, une arme fatale : Brigitte.
Elle est dans ses nouveaux habits comme un poisson dans l’eau. Avec les écrivains, les veuves, les grands blessés, les présidents étrangers ou les pandas, elle trouve toujours le moyen de mettre du velouté sur la présidence. Près d’elle le 14 Juillet, Melania Trump avait l’air raide comme un soldat de plomb. Un sourire jusqu’aux cheveux, légère comme l’alouette, sans s’immiscer dans les grandes affaires ni faire la roue, sage comme un arbre mais séduisante comme les fleurs, Brigitte donne des couleurs tendres à un quinquennat de technocrates affûtés comme des couteaux. Plus qu’utile, elle est irremplaçable. Avec elle à ses côtés, le jeune président éclipse ses rivaux. L’actualité, cela dit, aide leur couple. Les deux monuments de l’époque vacillent.
Même Angela Merkel bat de l’aile. Calme, patiente, indifférente, Mutti avait l’air inscrite dans le paysage pour l’éternité. Il fallait des litres de café pour ne pas s’endormir quand elle ouvrait la bouche mais tout allait pour le mieux en Allemagne. « Madame Tout-le-Monde » tirait les bonnes vieilles ficelles et sans projets, sans feuille de route, sans rêves et sans vision, elle accumulait les années de présence. Au point qu’elle n’a plus jugé bon d’écouter son propre peuple, a ouvert en grand les vannes de l’immigration et, au passage, les portes du Parlement à l’extrême droite. Depuis, elle négocie son maintien au pouvoir à sa manière, regardant les alliés approcher puis s’éloigner sans qu’elle régisse et s’empare des rênes de la négociation. Quelque chose est cassé à Berlin. Il y a longtemps que le potage manquait de sel mais, à présent, on s’en rend compte et on s’ennuie. Un spleen qui ne menace pas Washington. Trump est plus allumé qu’un sapin de Noël. Avec lui, la presse et l’opinion sont au spectacle 365 jours par an.
Le manque de tact de Donald Trump est un don naturel
Personne ne l’attendait à la Maison-Blanche. On pensait que l’habit faisant le moine, il se plierait aux règles. La haute administration le mettrait en veilleuse. Mission impossible : les bons conseils lui passent entre les oreilles comme les rayons du soleil traversent une vitre sans laisser de trace. Son manque de tact est un don naturel dont il use et abuse. Remonté comme des bretelles, il appelle le chef de l’Etat nord-coréen « Rocket Man » à l’Onu, met le feu sans raison à Jérusalem, soutient chez lui sans état d’âme des causes indéfendables, insulte des sénateurs, fait valser ses ministres, calomnie des vétérans… Quand il ne regarde pas la télévision cinq heures par jour, il twitte plus vite que son ombre et se jette sur mille sujets indignes de sa fonction. Il peut bien affirmer qu’il a un QI à trois chiffres, il y a longtemps qu’il ne les a plus époussetés. Son ego se dresse comme les Rocheuses entre lui et le reste du monde. Pire que tout : il sort l’Amérique du protocole de Paris et de la Cop21. La maison Terre brûle et il détourne le regard. Sa dernière force vient de ses adversaires, aussi exaspérants que lui. A chaque fois qu’il craque une allumette, l’intelligentsia « côte est » entend gronder un volcan, fait semblant de s’émouvoir et pousse des cris d’orfraie. Résultat : ces tollés surjoués maintiennent le lien entre Trump et ses électeurs, les white trashes et les red necks de l’Amérique profonde qui se tapent sur l’épaule chaque fois qu’une princesse de Manhattan a ses vapeurs. En 1905, sous le regard espiègle de Proust, la duchesse de Guermantes disait entre deux gorgées de Veuve Clicquot : « La Chine m’inquiète. » Aujourd’hui, c’est Donald Trump qui affole le monde. L’an dernier, on riait de ses cheveux étalés sur le crâne plutôt que plantés. A présent, on tremble à l’idée qu’il lance une bombe atomique sur la Corée du Nord et froisse Kim Jong-un, le gélatineux despote local qui a exécuté son oncle au canon antichar et s’offre un ou deux essais nucléaires par an. Une seule chose à faire : croiser les doigts.
Tout, cela dit, ne tourne pas mal. Le califat d’Abou Bakr Al-Baghdadi n’a pas passé l’année. La Russie aidant Bachar El-Assad, la Turquie et les Américains soutenant l’Armée syrienne libre, les Kurdes nettoyant leurs territoires et les Français larguant quelques bombes, Daech a été liquidé. Au prix fort. Mossoul et Raqqa sont rayés de la carte, des millions de Syriens arpentent les routes, le pays est moribond, Bachar et sa clique font toujours la loi mais l’Etat islamique est mort. Du moins en apparence. Après en avoir fait liquider autant que possible sur le terrain, la France attend maintenant le retour des jeunes gens partis combattre sur « la terre de Cham » ! Combien sont-ils ? Mystère. Que pensent-ils ? Mystère. Que va-t-on faire d’eux ? Mystère. Et de leurs femmes et enfants ? Toujours mystère. Daech est mort mais l’islamisme fait toujours peur et, de « Charlie Hebdo » aux réseaux sociaux, bons et mauvais esprits soufflent sur les braises. L’Etat, lui, annonce qu’il va serrer la vis de l’immigration. Eternelle promesse et polémique garantie. Mais garantie ennuyeuse, car on connaît déjà tous les arguments à force de les entendre depuis trente ans.
Rien à voir avec la grande hystérie de l’année ! Je ne parle pas du débat sur l’écriture inclusive, initiative originale pour rendre illisibles les textes et sur laquelle défenseur-e-s et détracteur-rice-s se sont écharpé-e-s à l’automne. Là, les invectives restaient dans le registre habituel de la comédie française pour « intellectuels » enchantés d’attirer l’attention par un éditorial dans « Le Monde ».
Non, je parle de l’affaire Harvey Weinstein et de ses répercussions. On connaissait de longue date ce pacha hollywoodien, le mogul de Miramax, le grand manipulateur des Oscars, l’homme aux vingt trophées. Le ventre rond comme un jambon, la barbe grise comme un paillasson, le cheveu rare comme le lithium. Avec ça, un ego gros comme Pluton et l’entrain d’un jeune premier beau comme Crésus. Des rumeurs circulaient sur lui depuis la nuit des temps mais glissaient comme l’eau sur la toile cirée. Jusqu’à la parution d’un article de Ronan Farrow, le fils de Woody Allen, dans le « New Yorker ». Et là, soudain, c’est l’avalanche. Rose McGowan, la star de « Scream », Uma Thurman, Eva Green, une foule d’autres parlent. En un rien de temps, Weinstein se retrouve enseveli sous des gravats de révélations. Juliette Binoche, Léa Seydoux, Marion Cotillard s’en mêlent. L’acte d’accusation est long comme le Nil. Mais attention : une fois le couvercle soulevé, impossible de refermer la boîte. Weinstein démissionne et perd tous ses titres mais, après lui, l’onde de choc rattrape Ben Affleck, Dustin Hoffman, Charlie Sheen, Kevin Spacey. Puis des journalistes et des hommes politiques. Des sorties de films ont beau être annulées et des présentateurs vedettes licenciés, le feu parcourt toujours la brousse. Au point que les étincelles franchissent l’Atlantique et atteignent la France. Où, grande première, le pays qui n’a pas condamné DSK à Lille et qui continue d’offrir des couvertures de magazines à Bertrand Cantat s’enflamme à son tour. Le hashtag « Balance ton porc » devint viral.
On avait tous quelque chose de Johnny
Des centaines de femmes rapportent harcèlements et agressions. Un vrai carnaval de comportements salaces, violents, odieux. C’est accablant mais, comme toujours à Paris, la tragédie tourne aussi à la tragi-comédie. Si quelques jolies femmes se froissent de n’avoir personne à dénoncer, Twitter se transforme vite en tribunal populaire et appelle à la délation. La chasse aux femmes tourne à la chasse à l’homme. Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, entre en scène. L’heure n’est plus à la rigolade, comme lorsqu’elle publiait des romans érotiques sous le pseudonyme de Marie Minelli ou expliquait, dans « Maman travaille », comment frauder la Sécurité sociale en se faisant prescrire des arrêts maladie artificiels. Sèche comme une facture, elle tire sur la laisse de tous ceux qui se laissent aller. Elle avait déjà convoqué Cyril Hanouna pour de mauvaises blagues sur les homosexuels. Cette fois, elle fait régler son compte à Tex, un animateur télé qui, depuis vingt ans, a présenté cinq mille fois « Les Z’amours » et fait mille astuces vaseuses pour le plus grand plaisir de ses spectateurs. Il est licencié pour une plaisanterie idiote sur les femmes battues.
Interdit désormais de penser mal dans le pays de Coluche, qui faisait rire des salles entières en disant : « Hier, j’ai violé ma voisine mais je n’ai pas porté plainte ! » Aujourd’hui, les réseaux sociaux aiguisent sans cesse leurs couteaux. L’humour doit marcher au pas de loi. Seuls la nuance, le pas de loup et le mezza voce sont autorisés. Le rire tache comme la boue. Le pays fier d’être le plus volage, le plus futile et le plus galant du monde se plie aux règles du Vatican : « Si tu penses, tu ne parles pas ; si tu parles, tu n’écris pas ; si tu écris, tu ne signes pas. » Facebook et consorts tétanisent l’époque. Jusqu’au président de la République ! Aux obsèques de Johnny, Emmanuel Macron n’a pas osé aller jusqu’au bout de son signe de croix par crainte anticipée de l’inévitable marée de Tweets. Car 2017 n’est pas que l’année du retour de la France, c’est aussi celle du départ de Johnny.
 Diapositive 11 sur 100: 011 2017




Simone Veil et Jean d’Ormesson avaient eu droit à des obsèques nationales. A lui, on offre un hommage populaire. Quand sa voix sortait de sa poitrine de lion, tous les autres chanteurs avaient l’air de fredonner. C’était le taulier du rock en France. Pour lui dire au revoir, les fans montent de toute la France. Un raz de marée submerge les Champs-Elysées, la Concorde, la rue Royale et la Madeleine. Dire que l’intelligentsia, « Charlie », « Les Guignols » et le fameux esprit Canal se sont tellement moqués de lui ! Le peuple renvoie ces esprits supérieurs à leur morgue de petits marquis. Parce qu’ils sont pleins de mots, ils se croyaient pleins d’esprit. Là, ils encaissent de face la passion que fait naître un homme qui ne parlait que d’amour et ne disait jamais de mal de personne. Johnny, c’était de Gaulle, Tintin, Piaf, Poulidor, Zidane et l’Abbé Pierre : la France quand elle s’aime. Des icônes qui ne font pas reculer les frontières et ne sont qu’à notre usage personnel, mais qui pulvérisent celles des castes sociales. On avait tous quelque chose de Johnny. Il serait tombé des nues si on lui avait annoncé qu’autour de son cercueil des veilleurs sourcilleux classeraient ses fans par race, par religion et par origine. Le « rebelle officiel » de la République ignorait les calculs mesquins. C’est pour ça qu’on l’aimait. Johnny, c’est une certaine idée de la France. Il s’en va mais elle revient. Ouf.
des Etats-Unis le 20 janvier 2017.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire